Pardon

Le Pardon. Pourquoi est-il si difficile de pardonner ? Quelle attitude adopter vis-à-vis de quelqu’un qui vous a fait du mal ?
Doit-on exprimer son ressenti, décider de ne plus adresser la parole, de se venger ?
Doit-on pardonner dès la présentation d’excuses ?

Selon les études psychologiques les plus récentes, tout dépend autant des motivations que des circonstances. Il existerait des bons pardons et des mauvais.

Commençons par la définition. Selon Wikipedia, le pardon est le résultat de l’acte de pardonner, la rémission d’une faute. C’est tenir une offense, une faute, pour nulle (ou l’excuser) et renoncer soit – au plan personnel – à en tirer vengeance, soit – au plan institutionnel – à poursuivre et à punir les responsables.

En d’autres mots, il s’agit de vaincre son ressenti envers un offenseur en s’efforçant de le considérer avec bienveillance, tout en ayant conscience que celui-ci a renoncé à son droit à un tel comportement par son attitude, son action.

Attention, il est important de ne pas le confondre avec des notions voisines (mais différentes). Excuser, nier l’existence, oublier, amnistier ne définissent pas le pardon. Chacune de ces démarches peut d’ailleurs empêcher le pardon.

Pardonner ce n’est pas oublier, c’est s’octroyer la possibilité d’être en paix !

Mais pourquoi pardonnons-nous ?
Souvent il s’enclenche lorsqu’un lien d’empathie est restauré entre l’offenseur et l’offensé. Quand l’offenseur vient s’expliquer, s’excuser il rétablit l’équilibre en retournant la situation et en laissant la décision finale à l’offensé.
Parfois, le morale et la religion rentrent en compte. Il est bon de pardonner, alors on pardonne.
Cependant il y a aussi le pardon dit contraint : on pardonne pour garder l’être aimé, pour apaiser une relation.

pardon

En 1985, un groupe de psychologues, affilié à l’université du Wisconsin entame une réflexion sur la place du pardon dans la psychothérapie. Elle propose un modèle d’intervention découpée en 4 phases et utilisée avec succès par de nombreux psychologues encore aujourd’hui.

Phase 1 – Redécouvrir votre colère

Avez-vous fait face à votre colère ? A t-elle affecté votre santé ? Avez-vous été obsédé en rapport à la blessure ou l’offenseur ? La blessure a-t-elle causé un changement permanent dans votre vie ?

Phase 2 – Décider de pardonner

Soyez prêt à commencer le processus de pardon. Décidez de pardonner.

Phase 3 – Travailler sur le pardon.

Travaillez à la compréhension, à la compassion. Acceptez la souffrance.

Phase 4 – Découverte et libération de la prison des émotions

Découvrez le sens de la souffrance. Découvrez votre besoin de pardon. Découvrez la liberté du pardon.

Il est important de prendre conscience qu’il y a des pardons ordinaires et des pardons extraordinaires (ceux uqi nous ont blessé au plus profond de nous).

On ne pardonne pas de la même manière un ami qui nous met un lapin et un parent bourreau, un chauffard qui a tué un de nos proches.
Les chemins empruntés sont alors bien différents. Les pardons extraordinaires prennent un chemin long et exigeant, difficile à vouloir et dur à parcourir.

Acte de courage pour certains, aveu de faiblesse pour d’autres, qui lui préfèrent la vengeance, le pardon va rarement de soi.
Pourtant, tous les offensés ayant accordé leur pardons expliquent que cette démarche les a libérées, qu’elle a même souvent insufflé une nouvelle énergie à leur vie.

En effet, le pardon sert avant tout à se libérer soi-même. Qu’on l’accorde ou qu’on le demande, il est le fruit d’un vrai travail sur soi avec une issue incertaine : rien ne nous garantie que notre envie, aussi forte qu’elle soit, suffise.

Attention, nous ne sommes pas tous égaux devant le pardon ! Sa réussite dépend plus de la façon dont nous l’avons vécu que de l’outrage en lui même.
Il existe autant de pardon que de victimes.

pardon

Voici les différentes étapes qui jalonnent le pardon.

La première étape consiste à prendre la décision de ne plus souffrir, quitte à prendre de la distance avec le responsable de la douleur.
Dans des cas très graves, la plainte déposée en justice reste le seul moyen de franchir cette première étape (et de mettre le coupable face à ses responsabilités).
Simone Weil disait « on ne peut pardonner que ce que l’on peut punir ».
La justice reconnait la blessure et désigne le coupable, toutefois, seule la victime peut pardonner… si elle le souhaite.

La seconde étape est de reconnaître que la faute existe bien. Le passé ne s’efface pas, il est donc inutile de chercher à oublier. Ce mécanisme de défense enfouit la souffrance, la haine dans l’inconscient (où la force destructrice continue d’opérer avec bien plus de violence).
Reconnaître l’offenseur permet de retourner la culpabilité sur lui afin de renouer un lien avec soi-même.

La troisième étape consiste à exprimer sa colère.
En effet, pour pouvoir pardonner, il faut reconnaitre sa propre souffrance et accepter qu’elle sorte. Toutes ces sensations sont utiles dans un premier temps. Elles sont signe de bonne santé psychique, que le déni n’existe pas et qu’on ne prend pas la faute sur soi.
Gabrielle Rubin explique que « la haine est un sentiment très violent, que l’on ne peut pas faire disparaître. Si l’on n’est pas capable de la retourner contre son agresseur, on la dirige nécessairement contre soi », au risque de déclencher un processus d’autodestruction.
Si vous ne pouvez exprimer votre colère directement sur l’offenseur, écrivez la pour vous libérer.

La quatrième étape consiste à ne plus se sentir coupable. Il est presque normal de se sentir coupable mais il est temps que ça cesse.
Il vous faut alors savoir quelle part de vous même a été blessée afin de pouvoir relativiser sur ce sentiment (votre orgueil, votre honneur…).

La cinquième étape est une des plus complexes pour un grand nombre personne. Il s’agit de comprendre l’offenseur. Beaucoup d’émotions que nous gardons en nous, peuvent nous détruire.
Pour sortir de tout ça, il est utile d’essayer de se mettre dans la peau de l’offenseur. Cela vous permettra de comprendre ses motivations et de reconnaitre ses faiblesses. Bien évidemment, le but premier n’est pas de l’excuser.

Attention, pardonner ce n’est pas passer l’éponge. Un pardon accordé trop vite ne soulagera personne.
Il est conseillé d’attendre qu’il s’impose, presque de lui-même, de « laisser passer le temps tout en étant actif dans le processus », explique Nicole Fabre.
Un pardon accordé trop rapidement peut être perçu par l’offenseur comme une absolution.

Comment savoir si nous avons vraiment pardonné ?
Lorsque nous ne ressentons plus ni colère ni rancœur à l’encontre de celui qui nous a fait souffrir.
Le pardon est souvent un acte libérateur dans lequel la douleur se dissout et qui permet à l’offensé de redevenir acteur de sa vie, de ne plus subir, voire même de revenir plus fort.

Lorsque je parle du pardon à mes amis, j’ai tendance à leur expliquer que s’ils ne sont pas capable de pardonner (car la souffrance est trop importante, ou la plaie trop profonde), alors ils peuvent pardonner à la personne d’être ce qu’elle est…
Si vous ne pouvez pas pardonner l’acte, vous pouvez pardonner à la personne d’être ce qu’elle est. Car cette partie là d’elle, vous ne pouvez rien y faire.

Et vous, avez vous du mal à pardonner ?

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