La Charge Mentale

La charge mentale ménagère est décrite comme un principe de sociologie traitant de la charge cognitive portée par les femmes en couple dans le cadre de la gestion du foyer au quotidien.
Il est introduit par Monique Haicault en 1984 dans son article La Gestion ordinaire de la vie en deux. Elle y décrit comment, chez une femme en couple qui travaille, son esprit demeure préoccupé par les tâches ménagères et la gestion du foyer, constituant l’articulation de sa « double journée ». Elle met ainsi en avant le fait que, la double charge « travail + foyer » ne se limite pas à une simple addition des contraintes, mais qu’elle emmène au travail une partie des tâches à gérer pour le foyer.

Et, si en 2021, la distribution des tâches ménagères au sein d’un couple semble avoir évolué (sans toutefois parvenir à un équilibre parfait), il est constaté que la charge mentale ménagère affecte davantage les femmes.
Le partage des tâches ménagères reste, encore aujourd’hui, l’une des démonstrations les plus flagrantes des inégalités femmes-hommes dans notre société.
Selon l’Insee, en 2010, les femmes prenaient en charge 64% des tâches domestiques et 71% des tâches parentales au sein des foyers. En 1985, ces taux s’élevaient respectivement à 69% et 80%.  

Un groupe culturel local, l’Asociación Cultural Octubre, a installé une œuvre éphémère en pleine rue, dans la ville de Torrelavega, en Espagne. Pour découvrir son histoire.

Ce n’est pourtant pas le partage des taches qui semble gêner un grand nombre des femmes que j’ai pu interroger à ce sujet, mais bien le fait de devoir penser à tout. Ce côté donneur d’ordre/exécutant semble être lourd à supporter, mais la plupart se sont faites une raison et vivent avec.

J’ai pu remarquer également dans ce déséquilibre des taches ménagères que selon la génération, les choses sont très différentes. Il existe une génération restante, pour qui la femme doit rester à la maison, s’occuper des enfants et du foyer pendant que l’homme va travailler et subvient aux besoins financiers. Cette génération est, à mon sens, la dernière car il est difficile aujourd’hui de survivre avec un seul revenu par foyer.

Certains couples parviennent à partager les taches (équitablement ou pas) mais il n’en reste pas moins que c’est, généralement, à la femme qu’incombe le rôle de tout organiser pour le bon fonctionnement du foyer.
Ce partage semble, toutefois, très bien organisé et permet à chacun de se sentir en équité dans son couple.

Face à tout ça, je me dois de parler de ces couples qui vivent ensemble, travaillent ensemble et partagent toutes les tâches. Je suis admirative de ceux-là…
Ils sont la preuve que tout est possible, à partir du moment où on le décide.

Par contre, je ne suis pas le bon exemple de la charge mentale, car je vis avec un homme qui travaille beaucoup et qui est peu présent à la maison pour s’occuper des tâches ménagères. A côté de ça, moi je travaille de la maison depuis des années, de ce fait, il y a des taches que je fais dans mon quotidien même pendant « mes heures de travail ». Car en réalité, je n’ai pas d’heures de travail. Je vis ma journée en fonction du rythme de mes enfants.
Par contre, de lui même, il va, parfois, lancer les machines, étendre le linge, proposer de faire à manger sans que je n’aie à lui demander. Cela permet d’alléger ma charge mentale un instant. Bien évidement ceux qui me connaissent savent que je ne touche pas au jardin (j’essaye de faire survivre mon potager, c’est déjà énorme lol).

Lorsque je m’absente, je reste tentée de lui préparer tout ce dont il aura besoin, alors que je sais pertinemment qu’il n’a pas besoin de moi pour gérer. Et je pense que c’est également à cause de ce genre de réaction que la charge mentale reste féminine…

Pour comprendre jusqu’où la charge mentale peut pousser, je vais vous raconter l’histoire de Cécile.
Quand Cécile emménage avec Y, elle ne travaille pas et trouve donc normal, que l’équilibre des charges se fasse de manière simple : elle fera tout, vu qu’elle est en permanence à la maison, alors que lui travaille.
Mais lorsqu’elle trouve du travail, rien ne change. Elle a un contrat de 35h et passe en moyenne 5h par jour dans les transports (les joies de la vie parisienne comme elle me l’explique).

Il n’a jamais rien fait en réalité. Sa mère l’avait habitué à tout lui faire, jusqu’à repasser ses chaussettes !
Leurs routines étaient bien huilées, sur leurs jours de repos elle faisait ce qu’elle pouvait et lui allait voir ses amis.
En fait, elle était devenue la seconde mère, celle qui prend le relais quand il est temps de quitter la première.
Il ne se posait aucune question : le linge était toujours propre, le frigo plein, l’appartement propre et rangé.
Lorsqu’il s’est retrouvé sans emploi, les choses n’ont que très peu évolué. Il lui arrivait parfois de s’occuper des courses mais le budget est rapidement passé de 70€ pour 10 jours à 200€ (forcément, les jeux vidéos et dvd coûtent, mais ne nourrissent malheureusement pas). Pour le reste, elle devait tout gérer comme avant.

Les crises se sont multipliées sans qu’il n’en prenne conscience et au bout de cinq longues années, Cécile va craquer.
Il est de nouveau en arrêt maladie, elle gérait seule le budget et la maison. Elle devait poser des congés pour gérer ce qu’elle ne parvenait pas à faire le soir en rentrant.
Elle rentrait le soir vers 21h30, devait gérer le repas et le reste et entendait tous les jours « laisse mon cœur, je le ferais demain »… Sans qu’il ne se passe jamais rien le lendemain.
Cette phrase va se répéter tous les soirs durant 4 semaines, les 4 dernières semaines de vie commune.
Quatre semaines sans que la vaisselle ne soit lavée, sans qu’aucune machine ne soit lancée, sans que le ménage ne soit fait (on imagine facilement l’état de l’appartement).

Afin de « vivre », elle achète de nouveaux vêtements qu’elle laisse au travail et qu’elle nettoie en laverie pendant ses heures de travail, et mange même avant de rentrer.

La dernière goutte qui fait déborder son vase (que je trouve déjà à mon sens très grand) se passe lors d’une soirée trop longue à expliquer. Elle comprend ce soir là que c’est fini. Elle passe la nuit à nettoyer, ranger, faire les lessives et lui au réveil ne va rien trouver de mieux que de râler car elle n’a pas dormi avec lui pour son « devoir conjugal ». Réaction qui confirme son choix à tout jamais. C’est un lundi. Elle prend quelques affaires et part.
Elle le revoit le dimanche dans leur appartement après une semaine où il n’a pas cherché le contact. Il lui montre avec fierté que l’appartement est nickel et lui dit très simplement « qu’est ce que je vais devenir moi ? ».

Cette phrase n’apportera aucune compassion à Cécile qui repartira en fin de journée.
Quand à Y, il va prendre la route pour faire 600km et repartir chez sa mère… Sans cri, sans larme, sans bataille.

Cécile emménage dans un appartement, seule, un mois après la séparation. Les amis qui sont venus la voir ont été choqué de l’appartement (propre, rangé, nettoyé).
Elle en a profité pour se rapprocher de son travail et n’avait plus que 40min de transport.
Deux mois après, il va tenter de revenir pour la reconquérir, en vain…

Aujourd’hui, elle vit en colocation avec son chat (son best coloc ever !).
Aucune des histoires qu’elle a vécu n’a été assez longue pour lui permettre de vivre en couple et en même temps, elle n’en éprouve pas le besoin.
Elle est devenue exigeante sur les personnes qu’elle reçoit chez elle, et estime que la personne doit aider un minimum. Et ne supporte plus de voir l’autre inerte pendant que elle gère tout.

Elle résume très bien sa situation : 6 ans après son divorce, elle vit sa meilleure vie, elle ne cherche pas quelqu’un pour la compléter, elle est complète elle-même. La prochaine personne n’aura pas la possibilité de lui faire vivre une histoire similaire. Elle ne laissera aucune option, aucune attente, pas de « laisse je ferais demain… »

Emma a écrit un livre « Fallait demander » illustrant parfaitement la charge mentale. Vous pouvez retrouver les illustrations en cliquant sur ce lien.
Emma résume la situation: « Quand le partenaire attend de sa compagne qu’elle lui demande de faire les choses, c’est qu’il la voit comme la responsable en titre du travail domestique. C’est donc à elle de savoir ce qu’il faut faire et quand il faut le faire. »

Il fallait me demander… Voilà le genre de phrase que les femmes ne supportent plus d’entendre.
L’homme attend que la femme lui demander de l’aide quand la femme attend que l’homme fasse les choses de lui même.

Alors messieurs, aidez votre femme sans attendre qu’elle vous le demande. Aidez-là du mieux possible.
On sait que chaque homme est différent, chacun a des capacités différentes (et des préférences).
Faites de votre mieux, mais faites le…
Et surtout aller lire cette petite histoire

Et puis écoutez les mots du fantastique Grand Corps Malade

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2 commentaires

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