L’hypersensibilité

C’est en parlant de l’hypersensibilité de mon fils avec ma maman que j’ai réalisé que je devais écrire sur ce sujet. Je devais parler de ce profil psychologique si particulier et dont le terme est si banalisé.

Un hypersensible c’est quoi ? C’est une personne ayant un processus de sensibilité sensorielle fort.
Wikipédia la définit comme une sensibilité plus haute que la moyenne, provisoirement ou durablement, pouvant être vécue avec difficulté par la personne concernée elle-même ou perçue comme « exagérée », voire « extrême », par son entourage.
Une personne sur 5 est concernée.

Mais il n’est pas toujours simple de la détecter.
Alors, j’ai cherché pour vous les signes pour s’auto-diagnostiquer :

  • La sensation d’absorber les émotions de votre entourage par connexion (tristesse, colère, joie ect)
  • La sensation de fatigue est intense (physiquement et mentalement) et cela rend irritable
  • L’intuition est sur-développée
  • Le besoin d’aller au fond des choses pour comprendre est important
  • Les moments de solitude ponctuels sont essentiels pour vous recharger
  • Les petits détails comptent autant que les gros
  • La sensibilité aux bruits, aux odeurs est exacerbée
  • Les pleurs peuvent survenir en moins d’une minute, l’énervement également
  • La difficulté de faire des choix est importante (même les plus basiques)
  • Le stress est omniprésent (comme toutes les émotions ressenties, il est très fort. Les émotions négatives sont conservées en mémoire et cela amplifie le stress et crée des angoisses)
  • La critique vous blesse plus que ce qu’elle ne devrait
  • Les pleurs sont un quotidien
  • Les mauvaises nouvelles sont à éviter (on oublie BFM, le JT, les info anxiogènes…)
  • La bienveillance est essentielle (savoir que votre entourage va bien vous soulage et vous rend heureux)

Pour vivre avec cette hypersensibilité sans se laisser dévorer par ce surplus d’émotions, il existe de nombreuses techniques simples. Elles permettent d’apprendre à communiquer tout en se protégeant.
Elles semblent simples mais pour beaucoup, elles restent difficiles à appliquer.
Les voici :

  •  Respirer, souffler, se détacher du mental pour se reconnecter au corps
  •  Prendre le temps, prendre du recul et de la hauteur sur des situations ou des relations
  • Apprendre à se connaître, se comprendre, à accueillir ses émotions, à écouter et exprimer ses besoins et ses ressentis
  •  Retrouver la notion de plaisir et oser se faire plaisir
  •  Pratiquer une activité physique ou une activité artistique
  •  Reprendre confiance en soi (en listant nos qualités par exemple)
  •  Arrêter de se focaliser sur ce qui ne va pas, et se ré-émerveiller des choses ordinaires qui nous entourent
  •  Devenir bienveillant et indulgent envers soi-même, moins exigeant et perfectionniste

Lorsque Lorène s’est proposé de témoigner, je ne m’attendais pas à lire un témoignage qui allait me donner l’impression que l’on parle de moi.

Elle a compris très jeune qu’elle était prise d’assaut par ses émotions, ton intuition. Selon elle, ça se développe très jeune mais on ne né pas avec (alors que je suis persuadée du contraire, pour moi, tout se joue intra-utéro).
Toujours selon elle, on ne peut le changer, il faut vivre avec. Il faut apprendre à apprivoiser ce « don » (et sur ce point là, je suis entièrement d’accord).
Elle avait tout juste 5 ans quand elle a compris que sa sensibilité était supérieur à celle des autres. Et son fils de 7 ans semble suivre ses pas, ce qu’elle vit assez mal. Elle a conscience de toutes les étapes difficiles qu’il va traverser. Elle s’est fait la promesse d’être là pour lui, de lui apprendre à dompter ce trait de personnalité le plus tôt possible, afin qu’il puisse vivre le plus simplement possible.

Lorène a toujours été introvertie. Une timidité qu’elle a maitrisé petit à petit pour réussir à la transformer. « Acheter 1 baguette de pain à l’époque ? Une horreur ! Être interrogée à l’oral à l’école ? Je me rappelle d’un épisode où je me suis fait pipi dessus devant le tableau. J’étais en CP. »

Il y a 2 ans, sa psy lui dit : « l’hypersensibilité n’existe pas, vous êtes juste victime du syndrome de l’abandon ». Mais Lorène sait ce qu’elle ressent, elle sait comment elle le ressent et surtout comment elle le vit.
Certains pensent que c’est un don, pour sa part, cela lui aura surtout porté préjudice dans ses dernières relations amoureuses. C’est ce qu’elle appelle « son épée de Damocles ».
« Quand on percute que son côté empathique est poussé à l’extrême, quand on devine facilement lorsque quelqu’un ne va pas bien, on comprend que l’on est hypersensible. Lorsqu’on pleure devant un mariage, un décès à la télé, lorsqu’on voit animal mort sur le bas côté, lorsqu’on voit quelqu’un pleurer… On prend conscience réellement de ce qu’est l’hypersensibilité ! ».

Elle se décrit comme quelqu’un d’ultra mélomane. Elle peut pleurer lorsqu’une musique, un texte, une chanson la chamboule. Comme une éponge qui absorbe tout et qu’il faut essorer de temps en temps.
Elle prend tout trop à cœur, déteste les conflits et les critiques et se vexe très vite. Elle a tendance à se poser mille questions et par conséquence, prends énormément de temps pour prendre une décision.
Tout est TROP dans sa vie, elle pense trop, ressent trop, aime trop.
C’est usant de vouloir être là pour tout le monde, d’essayer de satisfaire tout le monde et elle en devient trop exigeante avec elle-même.

Afin de « survivre », elle essaye de s’entourer de personnes bienveillantes et positives, de ne plus servir d’éponge. Elle a même installé des boucliers imaginaires entre elle et les autres afin que les soucis ne viennent plus altérer son esprit et son cœur.
Elle apprend à lâcher prise, ce qu’elle nomme comme étant la clé de sa réussite.

« Ce n’est pas grave d’être sensible. C’est lorsqu’on a de la magie dans le cœur. » Voilà la phrase qu’une amie lui a dites et qui résume tellement bien l’hypersensibilité (auteur inconnu).

Je sais que les personnes qui me connaissent se sont dit : « Non mais en fait Lorène c’est Ludivine, elle a juste changé le prénom ». Je vous jure que Lorène existe vraiment et que c’est vraiment son témoignage.
Mais j’avoue que c’est troublant pour moi aussi.

Je pleure sur des musiques qui me parlent, devant des films tristes (Nos étoiles contraires, The impossible, sont des films que j’aime énormément mais que je ne peux plus regarder car je pleure à gros sanglots), mais je peux aussi pleurer devant les marseillais (la dernière en date, des renouvellements de vœux avec des témoignages d’amour…). Cela fait beaucoup rire les gens qui m’entourent car pour eux ça en est ridicule, mais pour moi ce sont de réelles émotions.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été très sensible, à être moi aussi dans le « trop ». Et à bientôt 38 ans, je le suis toujours.

J’ai appris à prendre de grandes décisions toutefois j’ai énormément de mal à choisir mon plat au restaurant.
A communiquer pour expliquer mes besoins quand je prends de la distance lorsque la situation en face de moi m’affecte.
Et à éviter les conflits au maximum (ma phase actuelle : tu penses que 2+2=5 ? ok si tu veux).
Mais il me reste encore énormément à faire pour parvenir à gérer cette sensibilité exacerbée.

Actuellement, j’essaye de contrôler celle de mon fils, et je m’en oublie un peu. Il m’arrive de lui hurler dessus et dans la seconde qui suit de me dire « tu abuses ».
Il vit tout de manière « trop » lui aussi : un avion qui passe trop bas et c’est la panique, un imprévu et il panique, un changement dans sa routine et les larmes l’envahissent (mais elles peuvent disparaitre en une seconde, une fois rassuré).
Dormir chez un copain est encore impossible. Nous sommes en avril lorsque j’écris cet article, et on prépare le fait qu’il aille dormir chez les voisins cet été (c’est vous dire tout ce qu’il faut mettre en place).
Pour la première fois cette semaine, il est allé promener avec eux sans que je ne sois présente. Ça parait rien pour beaucoup mais pour nous c’est une grande étape.

Je n’ai pas de solutions magiques à lui apporter, je n’ai que ma présence, pour le moment essentielle pour lui. Elle lui permet de se rassurer. Le plus important, et qu’il sache que je suis là et que je serais toujours là pour l’aider et le guider, le rassurer du mieux possible.
Je ne prends jamais rien à la légère, mais je dédramatise tout rapidement pour ne pas grossir son sentiment de mal être.

Pour le moment ma fille ne semble pas touchée par ce trait de personnalité ! On a le temps de voir les choses évoluer (ou pas…). Son trait de personnalité a elle, c’est la colère.
Elle est très vite colérique lorsqu’on la contredit (et à 20 mois, je la contredit beaucoup), mais une fois cette colère passée, elle retrouve toute la tendresse et la malice qui la caractérise également.

Surtout, ne vous moquez pas de quelqu’un qui pleure pour un rien… Il souffre peut être de vivre trop intensément ses émotions.
Et ne le jugez pas… Il ne parvient peut être pas à tout maitriser même lorsqu’il y met tout son cœur.

Vous pouvez aussi retrouver l’article sur Les maladies invisibles

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