Les violences conjugales

Violences conjugales

Les violences conjugales sont un sujet très largement évoqué dans les médias, mais malheureusement on en parle toujours trop tard… Quand le geste est allé trop loin et que la mort est, alors, arrivée trop vite…

Sur le papier, le site du Service Public explique que « Toutes les violences conjugales sont interdites par la loi, qu’elles visent un homme ou une femme, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles. Il s’agit des violences commises au sein des couples mariés, pacsés ou en union libre. La victime de violences conjugales qui signale les faits peut bénéficier de nombreuses mesures de protection de la part des institutions publiques et des associations. Ces mesures peuvent même s’étendre aux enfants. »

Dans la réalité des faits, malheureusement, il en est parfois, tout autre. Ainsi, souvent, la dénonciation ne suffit pas à protéger la victime et cela laisse un opportunité au bourreau de continuer ses actes.

Lorsque l’on parle de violences conjugales, on imagine directement la violence physique faite avec les mains ou les poings dans les pires des cas.
Blagues humiliantes, séquestration, étranglement, brûlures, coups de couteau, sévices sexuels, sarcasmes, harcèlement, dénigrement, éclats de voix, mépris, tortures mais aussi menaces sont autant d’autres signes de violences.

La violence conjugale n’est pas un héritage, on ne naît pas violent, on apprend à le devenir. L’histoire de vie, la construction sociale, le poids d’une culture patriarcale conduisent certains hommes à des comportements violents envers les femmes. L’homme violent à souvent deux visages : charmant dans la vie sociale et méprisant et jaloux à la maison.

L’homme violent n’est pas obligatoirement un alcoolique, une personne issue de milieu défavorisé ou bien un personnage autoritaire avec tout le monde. Bien souvent, il ressemble à monsieur tout le monde, votre gentil voisin de palier, ce séducteur à qui aucune femme ne résiste, le chef d’entreprise performant, l’homme dont la fonction force le respect…

Il n’existe, également, pas de profil type de femme victime. Toute femme peut un jour dans sa vie se retrouver sous l’emprise d’un partenaire violent. Mais l’histoire personnelle, des périodes de vulnérabilité, peuvent devenir facteurs de risque. Elle n’est, toutefois, pas responsable de la violence qu’elle subit et n’est pas nécessairement une personne sans ressources. C’est peut-être votre collègue de travail, votre commerçante préférée, l’enseignante de votre enfant, votre meilleure amie… sans que rien ne soit soupçonné.

Crédit photo : Ludivine Sacco Photographe

Kate m’a raconté son histoire et a accepté que je vous la raconte à mon tour.

Kate rencontre B alors qu’elle a tout juste 16 ans. Elle tombe très vite amoureuse de lui, c’est l’homme parfait…
Très vite, il devient agressif. Ça commence par des insultes puis des gifles lorsqu’ils sont en désaccord.
Il lui propose même de faire la même chose pour aider à redescendre la pression. Au cours d’une soirée chez des amis, elle met en application sa demande et le gifle… Grosse erreur, il devient fou… Il la gifle, la pousse contre un mur. Elle n’a qu’une solution : se réfugier dans une chambre. Afin de la faire revenir, il utilise la culpabilité en s’ouvrant le bras avec un couteau et en lui faisant le « chantage au suicide ». Elle cède et finalement, rentre avec lui.

Très vite elle tombe enceinte, mais décide de ne pas le garder malgré tout l’amour qu’elle lui porte, se trouvant trop jeune et sans situation professionnelle.
Il la demande en fiançailles, chose qu’elle refuse se trouvant une fois de plus trop jeune, mais accepte la bague symbolique qu’il lui offre (Bague qu’elle me confiera avoir conserver encore aujourd’hui, sans vraiment comprendre pourquoi).

Très vite, les choses s’enveniment… Il critique ses amis, estimant qu’ils ne sont pas de grande qualité. Jusqu’à la couper de tous, l’isoler et lui laisser juste le loisir de travailler et de côtoyer ses propres amis.
Les disputes deviennent de plus en plus régulières et se finissent toujours de la même manière : à se cacher dans la salle de bain pour éviter les gifles.
Il avait même, le vice d’arriver à la taper sans que les hématomes puissent paraitre suspect.
Et pour se faire pardonner, il la couvrait de cadeaux (des week-end à Disney, des soirées dans des restaurants étoilés….), de petites attentions et de déclarations afin qu’elle se sente comme une princesse pour ne jamais ressentir le besoin de partir.

Elle était conditionnée pour ne jamais mettre de jupes ou de talons afin de ne pas passer pour une P*** aux yeux des autres (chose qui est restée encore aujourd’hui, vu qu’elle ne se sent toujours pas à l’aise dans ce genre de tenue).

L’été suivant, au cours d’un séjour au camping, Kate prend conscience que les choses pourraient mal tourner. L’ambiance et l’alcool n’aidant pas, il devient de plus en plus violent au point de se retrouver au sol devant un ami qui n’interviendra pas mais pestera contre le fait que dans leur dispute ils ont mis le désordre dans la tente.
Elle réalise que personne ne la soutien, que sa mère ferme les yeux, qu’elle ne parle plus à son père et qu’elle a tourné le dos à ses amis par amour pour lui.

Au retour de vacances, elle ouvre les yeux à sa mère en lui racontant tout ce qu’elle subit. Elle la convainc de déposer une main courante, qui ne servira à rien et elle finira par rompre. Rupture à contre cœur car elle l’aime profondément.
Elle fini par lui laisser une nouvelle chance, croyant à ses promesses de changement, mais rien ne changera et elle partira de nouveau.

Un an après, et de multiples excuses (dont elle ne sait la véracité), de nouvelles promesses d’évolution professionnelle, elle revient. Grosse erreur, on ne change pas… On peut essayer mais le naturel refait toujours surface…
Elle le quitte alors définitivement.
Elle trouve alors quelqu’un de diamétralement opposé à B et réalise qu’elle mérite le bonheur.

C’était il y a 12 ans, ce qui lui semble loin et proche à la fois.
Elle reste attachée à lui par le côté attendrissant d’une enfance difficile, et estime qu’il n’est pas pleinement responsable de l’homme qu’il est. Il est juste le reflet des personnes qui l’ont élevé.
Aujourd’hui, elle prend conscience que tout ce qu’elle aimait de sa vie avec lui (le côté princesse) n’était jamais gratuit, et était en réalité la compensation de l’horreur qu’elle vivait.

Aujourd’hui, elle partage sa vie avec un homme stable et gentil, qui détient toutes les qualités qu’elle aimait chez B. Sauf qu’aujourd’hui, tout est sincère.
Ils viennent d’avoir une petite fille et vit une vie parfaite.


Finalement, elle ne regrette pas d’avoir arrêté cette histoire, même s’il lui reste encore des séquelles avec lesquelles elle doit conjuguer au quotidien (difficulté à se lier aux autres, problème de confiance en elle sur son apparence et sa personnalité, fragilité émotionnelle et psychologique…). Elle est sortie de son addiction à l’alcool et de sa dépression qui ont suivit la dernière rupture.
Ainsi, elle apprend chaque jour à reprendre confiance en elle mais aussi refaire confiance aux autres. Surtout en amitié car elle s’est sentie abandonné dans ses appels au secours.

Aujourd’hui, elle lui souhaite d’être heureux (même si elle doute qu’il le soit), elle espère qu’il a pu trouver de l’aide auprès de professionnels et qu’il ne fera plus jamais de mal à personne. Elle ne lui souhaite aucun mal mais espère juste qu’il reste hors de sa vie.
Elle garde en souvenir cette bague. (Personnellement j’y vois en elle, l’importance de ne jamais oublier les combats et surtout les victoires).

Violences conjugales
Crédit photo : actu.fr

En tant que victime de violences conjugales, vous pouvez contacter les organismes suivants :

  • Violences Femmes Info 3919, service spécialisé dans les violences faites aux femmes. Écoute, informe et oriente les femmes victimes de violences, ainsi que les témoins de violences faites à des femmes. Traite les violences physiques, verbales ou psychologiques, à la maison ou au travail, et de toute nature (dont les harcèlements sexuels, les coups et blessures et les viols). Ne traite pas les situations d’urgence. Appel ne figurant, toutefois pas, sur les factures de téléphone
  • Association du réseau France Victimes, via le numéro 116 006 Victimes. Numéro d’aide aux victimes Écoute, informe et conseille les victimes d’infractions ainsi que leurs proches. Ou par mail victimes@france-victimes.fr

Vous trouverez sur le site du Service Public, tous les renseignements nécessaires en cas de besoin (pour vous ou pour un de vos proches).

J’ai rencontré Angélique qui m’a partagé un texte qu’elle a écrit 6 mois après sa séparation, 2 ans avant qu’il ne se suicide.
Je ne souhaitais pas vous raconter son histoire avec mes mots car je trouvais les siens bien plus forts…
Je vous laisse donc découvrir son histoire telle qu’elle l’a écrit à l’époque :

Voilà comment tout a commencé,
Un premier Mars 2008,
Et comment tout s’est arrêté,
Un premier Mai 2016

Quand je t’ai rencontré,
Tu étais mon chevalier.
Tout a commencé on a dansé,
Collés, serrés, enlacés.
Vite tu m’as attirée.
Mon cœur vibrait,
A ne plus vouloir te quitter
Car j’étais bien à tes côtés.

Nous avons emménagé,
Mais je t’ai senti rapidement gêné.
Tu t’es confié sur ton histoire passée,
Douloureuse, et j’étais là à t’écouter
Et à t’accompagner. Je n’ai jamais compté.
Des mal-êtres apparaissaient
Mais on avançait.
Et j’y croyais !

Puis, tu m’as fait part de ton souhait
D’avoir un bébé.
Et on s’est lancés, ça a marché !
Je me souviens déjà que je pleurais,
Enceinte quand tu m’attrapais.
Et que mon ventre, avec ma main je frôlais,
pour m’excuser auprès de bébé,
De l’avoir mal mené.

Les crises commençaient,
Le respect s’envolait,
Les gestes glissaient,
Les cris tombaient.
Mais ceci était déguisé,
Et sous couverture d’amour je pardonnais.
Je me persuadais que cela aurait pu changer.
Je t’aimais.

Dis moi quelle erreur ai-je fais ?
Suis-je vraiment si folle comme tu me le disais ?
Tu ne laissais transparaître aucune culpabilité,
Et te déresponsabilisais,
Par rapport aux faits.
Selon toi, ce qui arrivait,
Toujours je le cherchais.
Tout avec subtilité, tu me noyais.

Sais-tu ce que je cherchais !
Quelqu’un qui m’aime avec mes défauts et mes qualités,
Avec qui j’aurai pu rigoler toutes mes soirées,
Enlacés comme jamais.
Etre vrai en toute liberté.
Mais pourquoi tu te renfermais ?
Tu ne souhaitais plus partager,
Me parler ou m’écouter..

Pourtant j’ai rien demandé.
Tu m’as tout proposé jusqu’à t’épouser !
Tant d’énergie que j’ai employée,
En toute sincérité,
Mais cela ne t’as pas touché,
Comme je le pensais.
Comment peut-on tout bazarder ?
Sans se retourner.

Alors que quand on regarde le passé,
J’étais là à tes cotés !
Mais mon cœur s’est levé
Et n’a plus pu accepter,
Tes remarques mal placées
Et tes coups lancés,
alors que nos bébés
nous regardaient.

Quelle honte j’éprouvais,
D’être ainsi considérée,
Au sein même de notre foyer.
Je voyais que tout s’effondrait
Mais je ne pouvais
Plus rien contrôler,
Je ne pouvais plus avancer
Avec cette peur au nez !

Il y a 6 mois tu m as donné mes clés.
Au bout de ton bras étiré,
Mais tu me m’as pas viré !
Non ! pourtant je voulais rester.
Mais je t’avais auparavant déjà tant supplié,
Que je n’osais plus rêver.
Alors j’ai encore rabâché,
Comme tu me disais.

Mon seul but à ce moment donné,
Était d’essayer de nous sauver,
Mais j’ai compris que c’était terminé.
Qu’il fallait lâcher,
Tout laisser tomber.
Que tout ce en quoi j’avais voulu croire à tes cotés,
S arrêtait là à jamais.
Et encore impossible de te parler.

Alors sur moi j’ai décidé de travailler
Pour analyser cette dure réalité.
Pourquoi ai-je du l’affronter ?
Tant de larmes ont coulées..
Pourquoi ? Pourquoi ai-je accepté ?
Et Pourquoi tu as fini par me repousser ?
Je me sens tel mouchoir en papier
Que l’on jette une fois usé..

Toi, petit, tu as été confié.
Ta maman, sous prétexte de bonheur à trouver
Est partie dans un pays étranger,
Te laissant derrière elle, à ton grand père qui buvait
Et qui vous violentait.
Comment ne pas être traumatisé ?
Pour vivre et te protéger,
Tu t’es construit ta carapace dorée.

Ce que tu n’as pas su faire, c’est.
Te rouvrir, sortir, lâcher
L’enfant coincé, le libérer,
Une fois l’événement passé.
Tu as construit ta réalité
Sur des éléments faussés,
Et personne ne t’as aidé.
Tout était caché et nié.

Ta propre histoire est grisée
Où est la vérité ?
Tu refuses de creuser,
En pensant ainsi éviter
Les virages serrés,
Que tu découvrirais.
Au final, le présent n’est
Que l’épaisseur de ton passé.

Moi, petite, je me suis toujours cherchée.
J’ai vécu dans une famille bien entourée,
Aimée, choyée, tout ce qu’il fallait.
Que m’a-t-il manquait ?
A l’inverse, je crois que l’enfant que j’étais
N’a pas été suffisamment entendu, valorisé, câliné.
Les priorités étaient assumées,
Mais m’ont dominées, et je me sentais oubliée.

Ah, c’est compliqué !
Donc avant de te rencontrer,
Il m’arrivait déjà de pleurer
Et oui, quelle sensibilité.
Pas grand monde me voyait.
Ce que je ressentais était caché.
Je n’avais pas l’impression d’être appréciée,
Et je ne pensais pas que quelqu’un pourrait m’aimer.
Je me voyais finir seule à jamais.

Quelle idée !
Voilà ma faille qui a fait que nous nous sommes rencontrés.
Toi personne vide, sentiments oubliés.
Et moi, personne dépendante, prête à tout donner.
Au début tout à filer comme expliqué,
La belle histoire avait commencé,
Car on trouvait l’un est l’autre ce qu’on cherchait.
Mais peu à peu je t’ai démasqué.

Inconsciemment, tout ce dont je rêvais
Tu me l’as apporté..
Un mari, un foyer,
Et des enfants désirés !
Toi, tu avais ce souci de montrer
Aux autres, que tu pouvais y arriver.
Ensemble on avait décidé de continuer.
Je n’aurai pas cru qu’un jour tout se casserait.

Ma petite voie pourtant me le disait
J’aurai du l’écouter..
Et aujourd’hui je me retrouve seule, à gérer,
Avec cette angoisse de mon enfance que je redoutais.
Mais dans cette histoire tu m’as donné
La reconnaissance que j’ai toujours cherchée.
Par le mal, par ce travail forcé,
J’ai appris qui j’étais.

Tout ce que tu me renvoyais
Correspondait à ton portrait, désolé.
Maintenant, je n’ai pour toi plus d’intérêt
Car tu as fini par me vider et j’ai deviné
Qui tu étais, en vrai.
Cependant je te souhaite d’arriver
A vivre aussi ce que tu es,
Car nous sommes tous les deux des êtres blessés.

Mais tu n’accepteras pas de te faire aider
et je sais que tu finiras toujours par projeter
Sur les autres tes blessures oubliées..
De mon coté je m’accroche à mes projets.
Des belles choses me sont accordées !
Logement et formation décrochée
Et de nombreux soutiens trouvés.
Reste à me convaincre que j’y arriverai..

Ces mots tu ne les liras jamais.
Je sais qu’ils n’auraient aucune portée.
Pourtant ils traduisent ma pensée,
Mais tu m’accuserais de tout savoir et de juger.
Alors malgré le danger
Qui dans ton regard transparaissait,
J’ai décidé de pardonner les actes manqués
de ces deux personnes qui un jour se sont trouvées.

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